La génération Y (20-30 ans) marocaine contribuera-t-elle à faire changer nos pratiques ? 30 août, 2008
Posté par bloginvestrh dans : Recrutement , trackbackLes attitudes des jeunes face à l’emploi
La génération Y (20-30 ans) marocaine contribuera-t-elle à faire changer nos pratiques ?
La rentrée sera sans doute marquée par la tension du marché de l’emploi. Déjà commencée au début de l’année elle sera de plus en plus marquée par la pénurie des profils recherchés dans les secteurs développés par le plan émergence et le plan azur : automobile, offshoring, hôtellerie … et bien sûr l’immobilier et le BTP.
Cette situation est d’autant plus problématique qu’elle crée une dynamique du marché de l’emploi visant la même catégorie de profil : jeune de 20 à 30 ans, diplôme bac+2/4, ingénieur grandes écoles…, Les conséquences ne se font pas tarder, à savoir une pénurie de compétences, le turn over augmente, les attitudes des jeunes vis à vis de leurs employeurs changent, les salaires s’envolent, tout ceci étant en définitive le résultat d’une donne qui une fois de plus n’a pas été suffisamment prise en compte : le Capital Humain.
Bénéficiant d’une position privilégiée en tant que cabinet de recrutement, interface entre l’employeur et le candidat, nous nous sommes donnés comme objectif de s’interroger, et d’approfondir notre connaissance sur les facteurs qui sous-tendent cette situation à travers nos enquêtes et d’innombrables entretiens que nous menons avec les candidats d’une part, et par une analyse du contexte du recrutement au Maroc d’autre part,
Notre constat porte sur 3 facteurs principaux :
-
Les caractéristiques des jeunes diplômés
-
Le mode de management en entreprise
-
Les nouveaux modes de recrutement.
La combinaison de ces facteurs favorise les distorsions vécues actuellement tant au niveau des entreprises que des candidats. Avec au final un climat de méfiance, de frustration et d’insatisfaction de part et d’autre compromettant directement et la performance de l’entreprise et le développement harmonieux des collaborateurs.
► Ces jeunes comment se caractérisent-ils ?
La génération des 20-30 ans au Maroc est sans doute celle qui a été la plus choyée.
Des parents super protecteurs, qui ont investi dans l’éducation de leurs enfants en leur offrant beaucoup de confort matériel afin de leur éviter les frustrations qu’ils ont eux-mêmes vécu.
Ils sont passés par un système éducatif dont la priorité est portée sur le cumul des connaissances au détriment du développement de la personne et de la vie en groupe.
Ils ont assisté à l’explosion de la technologie internet et du mobile, avec la rapidité d’accès à l’information, la communication et l’interconnexion avec un nombre illimité de groupes, les jeux vidéo, le virtuel, et un marché de l’emploi en leur faveur !
Conséquences : de nouvelles attitudes à l’emploi jusque là méconnues, étonnantes, surprenantes !
Inversement de rôle, les candidats posent des conditions pour accepter telle ou telle opportunité : « le contenu du poste doit être intéressant », « les conditions de travail doivent être bonnes », « je dois avoir une visibilité sur l’évolution de la carrière proposée », « quelle est la responsabilité que je vais assumer ? », « Quelle sera ma hiérarchie ? », « Bénéficierai-je de formation continue ? ».
Une impatience : « je veux tout tout de suite, et du changement, du nouveau en continu… » Car toute attente leur devient insupportable et s’ennuient rapidement du travail routinier.
D’un autre coté, il développe une attitude individualiste qui n’est autre qu’une réponse au nouveau contexte qui favorise à outrance sur les performances individuelles au détriment des valeurs du travail en équipe et du sentiment d’appartenance à la l’entreprise.
Pas d’états d’âmes donc: changer d’entreprise après avoir bénéficié de formation et de transfert de compétences pour le faire valoir auprès d’un autre employeur moyennant une rémunération un peu plus élevée est devenue chose courante. Par contre, ils sont prêts à s’engager sur des objectifs précis avec les moyens correspondants. Ils sont inventifs et apprécient le travail en autonomie. Ils n’aiment pas beaucoup les chefs autoritaires et préfèrent travailler en mode projet.
Ils sont également dans leur monde à eux, isolés derrière leur PC ou leur machine, avec des relations virtuelles développées à travers le web, en quête de reconnaissance et d’écoute réelle aussi bien de leur proche que de leur collègue ou hiérarchie au travail.
► Le mode de management en entreprise
Or justement, cette dimension ne semble pas être intégrée chez nos managers qui continuent à porter des jugements sur les nouvelles générations sans chercher à comprendre leur mode de fonctionnement ni à adapter leur style de management.
Les reproches fusent sur leur comportement : « les jeunes sont insouciants », « ils n’ont pas le sens de l’engagement », « ils ne respectent pas leur hiérarchie », « ils ne sont pas prévenants », « ils sont indisciplinés »,… ainsi de suite.
Certains managers n’arrivent pas à comprendre pourquoi des collaborateurs les quittent malgré qu’ils leurs aient offert les conditions de rémunération qu’ils demandaient !
Pas de mystère, les considérations matérielles peuvent paraître importantes, mais ne sont plus déterminantes aux yeux des jeunes. Ce qui constitue leur véritable motivation, c’est l’environnement de travail qui leur permet de se développer le mieux et au sein duquel on leur démontrera de la considération et du respect.
Ces affirmations nous sont confirmées par les nombreux témoignages des candidats que nous recevons au niveau de notre cabinet.
Le respect et la considération commencent à partir du :
-
Le recrutement : accueil, entretien et suivi de candidature
- L’intégration : phase cruciale à laquelle très peu d’entreprises consacrent une vraie politique
Pratiques managériales : elles sont le plus souvent du type directif et autoritaire, basées la plupart du temps sur un rapport de force.
D’ailleurs, cette quête n’est pas propre aux jeunes de notre pays. Une étude récente menée par un cabinet américain, opérée sur plus de 664.000 salariés dans le monde, parvient à la conclusion suivante : « la performance d’une entreprise dépend du niveau de satisfaction de ses employés » et précise que la satisfaction n’étant que le degré de reconnaissance, d’implication, portée par l’entreprise, vis-à-vis de ses salariés.
Cela commence par des gestes très simples comme dire bonjour et merci, ne pas faire attendre à un rendez-vous, évitez des remarques blessantes portées sur la personne et non sur son travail, prendre en compte les suggestions de ses collaborateurs, ou respecter ses engagements sont autant d’agissements qui construisent la culture d’entreprise et ses valeurs et par voie de conséquence, le climat de confiance et de convivialité.
Conclusion : ni soumise, ni rebelle, la génération Y au Maroc parviendra à plier les plus réfractaires à de nouvelles logiques de rapport car il n’y pas d’autre solution, nous avons besoin de ce nouveau souffle, pour rester en phase. En tous cas merci aux jeunes de nous bousculer !
Laisser un commentaire
Vous devez être connecté pour rédiger un commentaire.
Commentaires»
pas encore de commentaires